Le cinéma à la première personne: manger la soupe ou filmer la soupe
Il y a eu un
moment où la caméra s’est retournée sur elle-même, a cessé de filmer le monde
et s’est braquée sur celui qui la maniait: le réalisateur et son entourage, sa
famille, sa vie, son histoire, etc. Il y a beaucoup de grands documentaires qui
enquêtent sur l’environnement familial, sur des histoires qui n'avaient jamais été
traitées ouvertement, secrets, blessures, etc., que la caméra essaie de révéler
et, pourquoi pas, de guérir. La caméra constitue un outil que permet d’exorciser les histoires enterrées, remettre
en cause les rôles au sein de la famille ou d’amorçer le dialogue. Nous
commenterons des séquences de Diary (David Perlov, 1973-1983), Nobody's
Business (Alan Berliner, 1996) ou La deuxième nuit (Eric Pauwels, 2016),
séquences relatives à la diversité des approches possibles à l'heure de traiter
l’intimité familiale la plus profonde, séquences qui témoignent de la richesse
infinie de l’entourage familial comme espace cinématographique.