Émigration et exil : Mémoire des Espagnols à Oran et dans sa région

L’Institut Cervantes d’Oran, en collaboration avec le Consulat Général d’Espagne à Oran, organise une conférence consacrée à la présence espagnole en Algérie et à sa mémoire historique. L’émigration espagnole vers l’Algérie connut son apogée à partir de la seconde moitié du XIXᵉ siècle. L’instabilité politique qui caractérisa le dernier tiers du XIXᵉ siècle en Espagne, ainsi que la crise agraire, poussèrent des milliers d’émigrants espagnols à s’installer en Algérie, pour la plupart originaires d’Andalousie, de la côte levantine et des Baléares, notamment des provinces d’Almería, Alicante, Valence, Murcie et des Îles Baléares. La présence espagnole dans ce pays nord-africain connut un nouvel essor au milieu du XXᵉ siècle avec l’arrivée d’environ 15 000 personnes, principalement des républicains et républicaines qui fuirent en 1939, à la fin de la Guerre civile espagnole. La majorité des Espagnols ayant émigré en Algérie s’installèrent à Oran et dans sa région, connue alors sous le nom d’Oranie. À titre d’exemple, en 1889, cette région comptait 102 433 Espagnols contre 78 000 Français. Encore dans les années 1930, dans de nombreuses villes de l’Oranie, une grande partie des Européens nés en Algérie étaient d’origine espagnole et dépassaient en nombre les autres communautés. Le destin de ces Espagnols en terre algérienne fut contrasté. Si les émigrants du XIXᵉ siècle, motivés par des raisons économiques, trouvèrent en Algérie les moyens d’améliorer leurs conditions de vie, les exilés de la Guerre civile, au profil davantage politique, oscillèrent entre assimilation et rejet, subissant parfois les épreuves des camps d’internement où beaucoup d’entre eux perdirent la vie. La conférence sera suivie de la projection du film Contraluz (2025), de Marcello Peres et Nicola Tagliabue. Ce film aborde la mémoire de l’exil républicain en Afrique du Nord et le rôle d’Oran comme ville d’accueil.