Émigration et exil. Mémoire des Espagnols à Oran et dans sa région
L'émigration espagnole en Algérie a connu son apogée à partir de la seconde moitié du XIXᵉ siècle, à l'époque de l'Algérie française. L'instabilité politique qui caractérisa le dernier tiers du XIXᵉ siècle et la crise agraire poussèrent des milliers d'émigrants espagnols à rejoindre l'Algérie, principalement originaires d'Andalousie et de la région de Levante, en particulier des provinces d'Almería, d'Alicante et de Valence. La présence espagnole dans le pays nord-africain connut un nouveau regain au milieu du XXᵉ siècle, avec l'arrivée d'environ 150 000 personnes, essentiellement des républicains ayant fui en 1939 à la fin de la guerre civile espagnole. La plupart des Espagnols ayant émigré en Algérie s'établirent à Oran et dans sa région, connue sous le nom d'Oranie. Selon le recensement de 1896, sur les quelque 300 000 Européens établis à Oran, environ 100 000 étaient Espagnols et 100 000 autres, des Espagnols naturalisés français. Dans les années 1930, parmi le demi-million d'Européens nés en Algérie, environ 40 % étaient d'origine espagnole, surpassant dans de nombreuses villes d'autres communautés européennes comme la française. Le sort de ces Espagnols en terre algérienne fut divers. Si les émigrants du XIXᵉ siècle venaient pour des raisons économiques et trouvèrent en Algérie les moyens d'améliorer leurs conditions de vie, les exilés de la guerre civile, d'un profil plus politique, oscillèrent entre l'assimilation et le rejet, souffrant parfois les épreuves de durs camps d'internement où beaucoup perdirent la vie.